Hamlet-machine (2001-2004)

Relecture de l’Hamlet de Shakespeare, le texte Hamlet-Machine de Heiner Müller s’inscrit dans un contexte historique où se dessine l’échec du rêve de la révolution et du communisme. Hamlet et Ophélie sont plongés dans notre société glaciaire, marchande et médiatique, sans repères, sans utopie. Hamlet, ici, est l’image d’un être qui, dans l’impossibilité d’agir, d’être soi, chercherait à s’effacer. Rejetant toute expérience collective, il se réfugie face aux écrans, à l’intérieur de son propre corps, aspirant à devenir une machine sans douleur ni pensée.

Par l’extrême liberté dont fait preuve Heiner Müller dans son écriture, il a ouvert l’horizon d’un théâtre à venir. Hamlet-Machine est une pièce énigmatique. Elle est si dense qu’elle semble contenir un secret sur l’être, le politique et leur devenir. Dans les différentes mises en scènes réalisées de la pièce, les spectateurs étaient partie intégrante de la création en interagissant dans le temps de la représentation. Ils pouvaient ainsi expérimenter la matière très particulière de cette écriture et interroger son sens qui scintille sans cesse différemment selon les contextes.

La communauté inavouable explore cette pièce à travers plusieurs langages artistiques depuis plus de dix ans. Cette recherche a donné lieu à trois mises en scène différentes en 2001, 2002 et 2004. En 2002 a été créé en collaboration avec Agnès de Cayeux un site internet en interrelation avec le public. En 2003, l’installation Un musée (de théâtre) inspirée de Hamlet-machine a été créée à Freiburg en Allemagne avant d’être reprise depuis 2009. En 2004, à l’issue de la dernière version scénique de la pièce, des articles de réflexion ont été commandés à des chercheurs et écrits par Clyde Chabot.

Nous percevons ce texte comme un outil permettant de sonder l’être collectif à travers les époques et en fonction du contexte politique. Après avoir développé une recherche en France dans le temps entre 2000 et 2004, s’est entamée depuis 2009 une recherche dans l’espace, sur différents continents.

DISTRIBUTION

Texte Heiner Müller Traduction Jean Jourdheuil et Heinz Schwarzinger / Mise en scène Clyde Chabot  / Assistante mise en scène Séverine Batier Scénographie Annabel Vergne LumièresPierre Zach / Chorégraphie:Marika Rizzi  / Maître de chant Marie-Cécile Calmelet / Jeu Yann Allegret, Anne Sophie Juvénal , Cyril Alata (Musique et son) , Eric Angels (vidéo), Mister QQ (informatique) Création du logiciel Music2eye et La Communauté inavouable / Conception Clyde Chabot, Stéphane Maguet et Stéphane Sikora Images vidéos Eric Angels, Sophie Laly, Muriel Habrard / Chargée de production Ségolène Dupont/ Création interactive pour le web : not to be / Conception : Agnès De Cayeux / Son et vidéo : Olivier Chauvin

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COPRODUCTION

Forum culturel de Blanc Mesnil, Epopea Cité des arts de la représentation, La Gare mondiale – lieu de recherche et de confrontation théâtrale, Le Hublot-Colombes, OARA Molière Scène d’Aquitaine, aide à la production dramatique du Ministère de la Culture DRAC Ile de France. La Comédie de Saint Etienne – CDN, Théâtre du Colombier – Langaja Groupement de Bagnolet, Les Laboratoires d’Aubervilliers. Avec le soutien de l’ADAMI et du Ministère de la Culture et de la communication (DICREAM)

Mars 2004 : 3e étape de création du projet Hamlet-machine
Le principe de base reste le même : dans le temps de la représentation, les spectateurs peuvent écrire à l’intérieur du texte de la pièce Hamlet-machine vidéoprojeté, diffuser du son à partir d’une sélection de morceaux identifiés et utiliser une caméra. Leurs images sont vidéoprojetées. L’équipe prend en compte leurs interventions dans son jeu.
Pour cette nouvelle étape de création du projet initié en 2001, des virus informatiques produisant des perturbations signifiantes du texte vidéoprojeté ont été introduits via le logiciel Hamlet-disease : chute, effacement, grossissement, envol d’un ou de tous les mots sur l’écran. La machine/texte, avec la présence des virus, devient presque vivante. Le texte devient un partenaire de jeu à part entièree. Un informaticien et une danseuse sont présents sur scène et travaillent en direct. La matière invisible du corps collectif prend forme chaque soir différemment entre les spectateurs, l’équipe artistique et les machines. – Clyde Chabot